Pour une TPE, les défis se multiplient : pénurie de main-d’œuvre qualifiée, exigences croissantes des clients, pression réglementaire… Et depuis quelques années, un nouveau facteur redéfinit la donne : la transition écologique. Réduire ses émissions, revoir ses processus de production, choisir des fournisseurs responsables… Ce ne sont plus des options, mais des impératifs.
Dans ce contexte mouvant, un moteur puissant s’impose pour tenir le cap : la formation continue. Souvent perçue comme un luxe ou comme du « nice to have », elle devient au contraire un levier stratégique, en particulier pour les petites structures qui n’ont ni armée de consultants, ni service RSE interne.
Transition écologique : un défi, mais aussi une opportunité (à condition d’être formé)
La pression à verdir les pratiques est bien là. Les données de l’ADEME sont claires : 71% des consommateurs disent choisir leurs produits en fonction de critères environnementaux, et 52% affirment qu’ils se détournent des marques jugées non responsables (étude ADEME, 2022). Côté réglementation, la directive CSRD impose une transparence accrue sur l’impact environnemental, y compris pour les sous-traitants et petites entreprises intégrés dans les chaînes de valeur.
Mais toutes les TPE ne voient pas ces changements comme un fardeau. Certaines y décelent un avantage concurrentiel. Le problème ? Le décalage entre la volonté d’agir et la capacité à le faire. Et c’est là que la formation continue joue un rôle clé.
Pourquoi la formation continue est vitale pour les TPE ?
En tant que consultante, j’ai accompagné une centaine de dirigeants de PME sur les sujets de transition. Le constat est récurrent : ceux qui se forment prennent de meilleures décisions. Ils évitent les erreurs coûteuses, prennent les bonnes priorités (non, investir dans un tri sélectif sophistiqué, ce n’est pas le premier levier d’impact), et surtout, embarquent mieux leurs équipes. Quelques raisons concrètes :
- Comprendre les enjeux : des formations bien conçues permettent de décoder les termes-clés (bilan carbone, scope 3, économie circulaire…) pour agir et non subir.
- Identifier les leviers d’action : mieux gérer sa consommation d’énergie, repenser ses achats ou encore revoir ses processus internes pour limiter le gaspillage.
- Monter en crédibilité : avec des connaissances claires, la TPE devient un partenaire fiable auprès de ses clients B2B engagés dans des politiques RSE exigeantes.
Et cerise sur le gâteau : cela favorise l’implication des salariés. Une étude menée par Bpifrance Le Lab en 2023 montrait que les collaborateurs des PME ayant mis en place un plan de formation sur l’écologie affichaient un taux de satisfaction supérieur de 26% à la moyenne du secteur.
Des formations loin du PowerPoint soporifique
Révolutionner les pratiques de formation est aussi un enjeu. Trop de dirigeants ont en tête une image de session descendante, peu utile et chronophage. Pourtant, aujourd’hui, bien des acteurs s’adaptent aux contraintes des TPE : modules courts, formats flexibles, contenus ultra-opérationnels.
Voici trois initiatives que j’ai testées ou recommandées récemment :
- La Fresque du Climat (version pro) : un atelier collaboratif de 3 heures pour comprendre les bases du changement climatique et réfléchir à son impact métier. Ludique, efficace, et souvent un déclic pour enclencher une démarche plus profonde.
- La formation « Responsible Business » de l’Ademe x CMA : pour artisans et commerçants, une formation présentielle de deux jours très orientée terrain, avec des cas concrets adaptés aux métiers (restaurateurs, métiers de bouche, bâtiment…)
- Le MOOC « Entreprise et transition écologique » de Bpifrance Université : 100% gratuit, reconnu, et consultable à tout moment, pour s’initier aux fondamentaux ou approfondir de manière autonome.
En parallèle, certaines branches professionnelles proposent elles aussi des sessions en lien avec les spécificités métiers : chambres des métiers, fédérations professionnelles, OPCO… Il est souvent plus judicieux de démarrer par ces offres ciblées plutôt que de bricoler seul sa montée en compétences.
Comment choisir la bonne formation pour sa TPE ?
Pas besoin de se transformer du jour au lendemain en expert climat. L’enjeu est d’avancer par paliers. Mais pour que la formation produise un impact réel, elle doit être alignée avec les besoins de l’entreprise et intégrée dans un plan d’action global. Voici quelques bons réflexes :
- Clarifier ses objectifs : veut-on réduire ses dépenses énergétiques ? Améliorer sa politique d’achats ? Attirer de nouveaux clients ? Chaque cible mérite une approche dédiée.
- Impliquer le terrain : c’est souvent le personnel technique, logistique ou terrain qui a les meilleures idées d’optimisation. Une formation impliquant toute l’équipe crée de l’engagement.
- Valider la qualité du formateur : privilégier les organismes certifiés Qualiopi ou recommandés par les acteurs publics (Ademe, Bpifrance, France Num…).
Et si le budget est une question – ce qui est souvent le cas –, plusieurs dispositifs peuvent alléger la facture :
- Financement par les OPCO : les opérateurs de compétences prennent en charge tout ou partie du coût, selon le secteur d’activité.
- Chèques verts de certaines régions : comme en Bretagne ou en Auvergne-Rhône-Alpes, avec des dispositifs fléchés vers la transition écologique des TPE.
- Crédit d’impôt formation du dirigeant : une bonne manière de rentabiliser son temps de formation, souvent négligée par les indépendants.
Cas d’école : quand la formation enclenche une dynamique vertueuse
Pour illustrer concrètement, voici trois TPE que j’ai accompagnées et pour qui la formation a été un point de bascule :
- Boulangerie Montaigne (Corrèze – 7 salariés) : après une sensibilisation au gaspillage alimentaire, l’artisan a mis en place des partenariats avec une association locale et réduit 35% de ses invendus. Gain côté image… et épargne de 4000€ par an.
- Menuiserie Les Bois Justes (Calvados – 12 salariés) : une formation sur les matériaux durables leur a permis de réorienter leur sourcing bois vers des fournisseurs PEFC, améliorant ainsi leur positionnement sur les marchés publics.
- Atelier textile EVA (Île-de-France – 5 salariés) : via une formation sur le Label GOTS, l’équipe a revu sa chaîne d’approvisionnement et développé une gamme eco-labelisée, qui représente aujourd’hui 60% de leurs nouvelles commandes.
Ces exemples montrent que la formation n’est pas un luxe. Elle permet d’ancrer une démarche rationnelle, mesurable et structurée dans l’entreprise. Rien à voir avec l’écologie « à la mode » : ici, il s’agit de transformer les process, de renforcer la compétitivité… et de faire du bien à la planète au passage.
Et maintenant, on commence par quoi ?
La première étape est souvent de sortir de l’auto-censure. « Ce n’est pas pour nous », « on n’a pas le temps », « on verra plus tard »… En réalité, ne rien faire, c’est prendre le risque de se retrouver à la traîne dans un monde qui évolue vite. À l’inverse, quelques heures investies intelligemment en formation peuvent faire basculer toute une stratégie.
Vous ne savez pas par où commencer ? Posez-vous ces questions :
- Ai-je aujourd’hui une vision claire de l’impact environnemental de mon entreprise ?
- Mes collaborateurs sont-ils sensibilisés et impliqués dans cette démarche ?
- Ai-je identifié des formations adaptées à mes problématiques métiers ?
Si les réponses sont floues, bonne nouvelle : vous avez une marge de progrès. Et la formation continue est là pour vous y aider, pas à pas.
À vous de jouer.