Les start-ups qui s’engagent pour la neutralité carbone

Les start-ups qui s’engagent pour la neutralité carbone

Neutralité carbone : un terrain de jeu fertile pour les start-ups

Atteindre la neutralité carbone n’est plus une posture RSE pour faire joli. C’est un levier stratégique, un impératif réglementaire croissant, et surtout, une réelle attente des clients, des investisseurs et des talents. Et sur ce terrain, les start-ups ont un avantage évident : agilité, capacité d’innovation, et ambition décomplexée. Résultat ? Elles sont de plus en plus nombreuses à s’attaquer frontalement aux émissions de CO₂, avec des modèles qui allient impact et croissance. Et ça fonctionne.

Dans cet article, je vous propose de plonger dans l’univers de ces jeunes pousses qui font de la neutralité carbone leur cœur de modèle économique. On parlera innovations concrètes, exemples français et européens, et surtout, d’opportunités pour les entrepreneurs d’aujourd’hui.

Pourquoi les start-ups s’emparent du défi climatique ?

Les raisons sont multiples, mais trois se démarquent :

  • Besoin de rupture : les solutions classiques n’ont pas suffisamment réduit les émissions globales. Les start-ups n’ont pas de passé industriel à défendre, elles peuvent imaginer des modèles complètement nouveaux.
  • Demande croissante du marché : selon une étude Bpifrance de 2023, 48 % des PME françaises considèrent que les critères environnementaux pèseront « fortement » dans leurs décisions d’achat d’ici trois ans.
  • Financements ciblés : les levées de fonds pour les cleantechs atteignent des sommets. À titre d’exemple, en 2022, plus de 5,2 milliards d’euros ont été levés en Europe par les start-ups liées à la transition écologique (source : Dealroom).

Autrement dit : il y a urgence, un marché, et des financements. Il ne manque plus que des solutions. Et ça, justement, certaines jeunes entreprises s’y attellent avec brio.

Focus sur 5 start-ups qui bougent les lignes

Qarnot (France) – Réduire les émissions en réchauffant intelligemment

Qarnot est partie d’un constat simple : les data centers consomment énormément d’énergie pour… produire de la chaleur qu’ils doivent ensuite évacuer. Qarnot inverse la logique en distribuant des micro-serveurs dans des bâtiments où la chaleur est utile (bureaux, logements). Résultat : du chauffage gratuit pour l’utilisateur, et une baisse drastique de l’empreinte carbone liée au traitement de données.

Impact : en 2023, leurs équipements ont permis d’éviter plus de 300 tonnes de CO₂ en France. Et ils ne comptent pas s’arrêter là.

Fairbrics (France) – Transformer le CO₂ en textile

Fairbrics, basée à Paris, développe un procédé chimique capable de transformer le dioxyde de carbone en fibre de polyester. Oui, vous avez bien lu : des vêtements créés à partir de CO₂. Ce processus innovant permettrait de produire des textiles avec une empreinte carbone « négative » – une petite révolution dans une industrie textile réputée polluante.

Objectif : produire 1000 tonnes de textile par an d’ici 2026, avec un partenariat déjà signé avec Zalando.

Carbon Maps (France) – Mesurez avant d’agir

Start-up fondée en 2023, Carbon Maps ambitionne d’être le “BCG de l’impact carbone alimentaire”. Elle développe une plateforme B2B à destination des marques agroalimentaires pour calculer leur empreinte climatique, incluant les émissions agricoles, la transformation, la logistique, etc. L’idée : rendre les données précises, comparables, et surtout, publiques.

Pourquoi ça marche ? En quelques mois, Carbon Maps a noué des partenariats avec plusieurs marques françaises et levé 4 millions d’euros. Car sans mesure fiable, difficile de réduire efficacement les émissions.

47 Degrees North (Suisse) – Des matériaux bas-carbone pour la construction

Le secteur du BTP compte pour environ 38 % des émissions mondiales, dont une grande part liée aux matériaux (béton, acier). 47 Degrees North développe un matériau biosourcé à base de déchets agricoles et de micro-algues, capable de remplacer le béton pour certains usages.

Leur promesse : diviser par 8 les émissions comparées à celles du béton traditionnel, tout en maintenant les standards de performance. À surveiller de près.

Plan A (Allemagne) – Plateforme tout-en-un pour la stratégie climat des entreprises

Plan A propose une solution de pilotage carbone pour les entreprises : bilan GES automatisé, plan d’action personnalisé, reporting ESG, etc. La start-up a séduit des clients comme BMW, Société Générale ou N26, grâce à son approche intuitive et à ses outils prédictifs intégrés.

Leur vision : démocratiser l’accès à la stratégie net zero, même pour les PME. Et ça, c’est exactement ce dont notre tissu entrepreneurial a besoin.

Quels modèles se cachent derrière ces innovations ?

Toutes ces start-ups ont opté pour des modèles économiques solides, souvent hybrides :

  • Deeptech : les innovations de rupture type Fairbrics nécessitent des années de R&D, mais promettent des barrières à l’entrée fortes et un véritable effet d’échelle.
  • Plateformes SaaS : comme Plan A ou Carbon Maps, elles misent sur la scalabilité et des revenus récurrents via des abonnements B2B.
  • Modèles “as-a-service” : Qarnot propose un chauffage « as a service » financé par les clients cloud. Une double source de revenus intelligente.

Ce qu’elles ont toutes en commun ? Une stratégie long terme, mais ancrée dans une réalité technico-économique. Pas de greenwashing ici, mais des KPI d’impact suivis, mesurés et revendiqués.

L’écosystème français : de plus en plus structuré

Bonne nouvelle : la France n’est plus à la traîne dans ce domaine. L’écosystème de start-ups à impact s’est considérablement renforcé ces cinq dernières années. Plusieurs dispositifs renforcent cet élan :

  • French Tech Green20 : sélection nationale de 20 start-ups “greentech” accompagnées par Bpifrance et le gouvernement.
  • Label Greentech Innovation : porté par le Ministère de la Transition écologique, pour valoriser les solutions les plus prometteuses.
  • Fonds spécialisés : Citizen Capital, Ecotechnologies ou Aster ont renforcé leurs allocations vers la neutralité carbone.

L’offre de mentorat, d’incubation et d’accompagnement se développe également à grande vitesse, avec des structures comme Time for the Planet, Makesense, ou encore le réseau Hectar dans l’agriculture durable. Bref, de quoi faire émerger une génération complète d’entrepreneurs-climat.

Et pour les autres ? Des pistes d’inspiration

Toutes les start-ups ne naissent pas pour “sauver le monde”. Mais toutes peuvent questionner la place du carbone dans leur chaîne de valeur — que ce soit via une réduction d’émissions, de la transparence, ou des modèles circulaires. Voici quelques pistes concrètes :

  • Repenser sa proposition de valeur : un produit plus durable peut être un argument commercial fort, pas juste une contrainte.
  • S’outiller pour mesurer : trop de start-ups volent à l’aveugle sur leur impact. Commencez petit avec un outil comme Sami, Carbo ou Carbonfact.
  • Identifier ses “hotspots” : où se situent vos principales sources d’émissions ? Transport, informatique, packaging, serveurs…    
  • Collaborer avec des start-ups greentech : vous n’avez pas besoin d’inventer la technologie. Des dizaines de solutions existent pour verdir vos opérations sans tout changer à votre modèle.

Se positionner sur la neutralité carbone ne demande pas forcément des millions ou une technologie révolutionnaire. Cela commence par une intention claire, une stratégie mesurée, et une exécution cohérente. Et les clients y sont de plus en plus sensibles.

Faire rimer carbone et business, c’est possible

Penser que neutralité carbone rime avec baisse de rentabilité est une erreur stratégique. Les leviers sont là : économie circulaire, efficacité énergétique, nouveaux matériaux, plateformes de suivi, etc. Et surtout : des consommateurs prêts à payer pour plus de transparence et moins d’impact.

Ceux qui agiront maintenant auront un coup d’avance dans un monde où la réglementation va durcir, où le capital se déplace vers l’impact, et où les talents refusent désormais de rejoindre des entreprises sans démarche écologique sérieuse.

Chez Entrepreneurs Demain, nous sommes convaincus que l’innovation responsable est la meilleure des stratégies. Les start-ups citées ici ne sont pas des exceptions. Elles sont le signal faible d’un mouvement de fond. Et ce mouvement, chacun d’entre nous peut y contribuer, dès aujourd’hui.